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Journalist Resource février 2, 2021

Journalistes oeuvrant au niveau du Bassin du Congo: ce qu’il faut savoir avant la descente sur terrain

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The Congo Basin Rainforest Journalism Fund hosted the fourth and final module of its webinar series on December 4, 2020. The session, titled “Preparation and protection of the journalist in the production of field reports,” featured panelists Sonia Rolley and Alfred Ntumba.
The Congo Basin Rainforest Journalism Fund hosted the fourth and final module of its webinar series on December 4, 2020. The session, titled “Preparation and protection of the journalist in the production of field reports,” featured panelists Sonia Rolley and Alfred Ntumba.

Le Rainforest Journalism Fund (RJF) a organisé à l’intention des journalistes œuvrant au niveau du Bassin du Congo, un webinaire axé sur la préparation et la protection du journaliste dans la production de reportage de terrain.

De plus en plus, les journalistes environnementaux font des descentes sur le terrain pour collecter l’information à la source, enquêter sur la déforestation, l’accaparement des terres , les conséquences environnementales des activités industrielles ou pour illustrer les initiatives de préservation du Bassin du Congo. Dans cet exercice de leur métier, ils peuvent être confrontés aux risques liés, soit à leur site de couverture ou encore à la nature des activités qu’ils sont appelés à couvrir.

Considérant que la réussite des recherches et la sécurité des journalistes sur le terrain passent par une bonne préparation et une bonne connaissance de la nature de risques, les présentateurs de ce 4e module du webinaire ont partagé quelques astuces et des mesures à mettre en place pour réduire les risques pour les journalistes eux-mêmes, pour leurs collègues, leurs guides et leurs sources. 

Comment réfléchir à sa sécurité ?

Sonia Rolley, journaliste chez RFI,  a parlé sur la  “Préparation et protection du journaliste dans la production d’un reportage dans une zone à risque.”

Elle a épinglé  l’importance de définir les objectifs d’une  mission avant de se lancer  sur le terrain. Car“la réussite d’une mission dépend de son degré de préparation,” a dit Rolley.

Un autre aspect important dans la préparation est de connaître la différence entre un thème et un sujet anglé. 

Exemple d’un thème, et évaluer  les politiques de lutte contre la déforestation dans la Tshopo; 

Un sujet anglé serait :  ‘‘les paysans de la Tshopo déçus après 10 années de politique de lutte contre la déforestation’’.

Dans le journalisme, il est important de suivre les lois de proximité — géographique, temporelle, socio-affective — et donc privilégier ce qui est nouveau, inattendu, inédit, ce qui est faisable, et de multiplier les angles pour rentabiliser la mission.

Après avoir établi le sujet anglé, il faut déterminer le lieu et la durée de la mission, prendre en compte l’inattendu, et savoir quand partir et quand quitter.

Un autre élément important c’est le choix des interlocuteurs. Choisir un sujet anglé ne veut pas dire réduire le nombre de points de vue; il reste important de représenter beaucoup de perspectives variées.

Dans le processus de planification de  la mission, il est capital de  mesurer l'intérêt éditorial et les risques sécuritaires. Sur le terrain, les journalistes  doivent penser au pire et aux cas non conformes, comme être tué, arrêté, kidnappé ou tabassé. Il faut aussi se renseigner sur les forces en présence: armée, police, service de renseignement, milice. Une fois ces risques identifiés, il faut trouver des contre-mesures appropriées avant de commencer la mission. 

Il est important de bien s’entourer, par exemple,  en choisissant des fixeurs appropriés,  son logement et son moyen de transport.

Il est important d’avoir ce qu’il faut avec soit  sur le terrain et de créer son sac idéal avec matériel, effets personnels, et médicaments. Il est important de trouver un moyen de protéger ses  papiers et  son argent.

Une fois sur le terrain, s’assurer de se présenter aux autorités appropriées et de rencontrer les forces de sécurité, si nécessaire.

Quant à la protection des sources, il faut réfléchir sur le  degré d’anonymat à offrir ainsi que sur  comment assurer l’anonymat.

Pour équilibrer l’information protégée,  il est recommandé de  laisser parler toutes les parties impliquées et n’en léser aucune  et de s’assurer d’avoir tous les droits de réponse.

Ce qu’il ne faut pas oublier sur le terrain

Alfred Ntumba, coordinateur chez Environews, à présenté le  sujet  “Comment préparer son reportage de terrain?”

Le reportage est un grand genre journalistique à travers lequel, le journaliste fait vivre à ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, ce qu’il a lui-même vécu, senti, palpé, goûté, etc. Le reportage se réalise toujours sur terrain. Le terrain c’est le lieu du tournage, ou de l’enregistrement du reportage. Le journaliste quitte sa rédaction pour aller à la rencontre de ses sources.

“Tout bon reportage part des idées,” a dit Ntumba.

Pour développer une bonne idée, le journaliste doit se poser quelques questions sur notamment : Qu’est ce qui intéresse réellement mon public visé ? Qu’est ce qui doit changer après la diffusion de mon reportage? Tout se définit à ce niveau.

Une fois prêt pour le terrain, il faut savoir que c’est un lieu de découvertes, de surprises et risques. Souvent, le journaliste n’est pas le bienvenu dans sa quête d’information de terrain. Surtout lorsque ces informations touchent à l'État, aux compagnies multinationales et autres. 

Face à une multitude d'informations, le journaliste doit circonscrire son sujet (Ne rechercher que ce dont il est question dans son reportage), identifier les vrais sources, développer la curiosité et l’esprit critique, développer le sens élevé d’observation et préparer les questions.

Il faut aussi prendre des précautions. Il n'y a jamais de risque zéro, mais avec des précautions, il est possible de réduire les risques. 

Une des manières de prendre des précautions consiste à se faire accompagner. Dans l'identification systématique des acteurs, le journaliste doit trouver les alliés de terrain. Ils ont pour rôle de donner ou de recevoir la cartographie du terrain. Il faut s'assurer de disposer de ses outils de travail (enregistreur, stylos, bloc note etc.) et ne jamais se fier à quelqu’un que l’on ne connaît pas, rester sur le qui vive.

Ne jamais oublier une boite pharmaceutique. Éviter toutes les substances odorantes, car elles attirent les insectes parfois malveillants. Se prémunir de votre kit de bain, torche, knife, anti moustique, lunettes solaires, etc.

Alfred  a souligné l'importance pour les journalistes de rester discrets lorsqu'ils sont sur le terrain.

“Sur terrain, le journaliste agit comme un agent secret.”

La session  s'est terminée par une série de questions et réponses et a permis aux participants d’obtenir des éclaircissements sur leurs doutes. L'intégralité du webinaire a été enregistrée et est disponible sur YouTube ci-dessous.