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Article Publication logo octobre 29, 2021

Restauration Des Paysages Forestiers Dégradés: Le Bambou À La Rescousse

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man standing in a bamboo forest
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Le bambou peut servir comme un puits de carbone qui permet de régénérer les terres dégradées, en...

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Cet après-midi du samedi 9 octobre 2021, René Nyobe raconte, la gorge nouée, ses craintes vis-à-vis du sort des rivières de son village Mapoubi-Logkamdje, dans l’arrondissement de Ngwei, département de la Sanaga-maritime, région du Littoral. « Depuis 2017, des exploitants sont entrés dans nos forêts et ont commencé à abattre les bambous pour revendre en ville. C’est vrai qu’au début, ça ne nous gênait pas, parce qu’on croyait qu’ils nous aidaient à faire disparaître cette plante qui d’après nous était envahissante. Mais, on a remarqué que nos rivières tarissent de plus en plus et cela nous fait déjà peur », relate-t-il. Dans son témoignage, le sexagénaire précise que 50% de son arrondissement d’origine est entouré de bambou. La plante qui a longtemps été considérée comme envahissante et sans aucune valeur au Cameroun, est de plus en plus utilisée pour reboiser les espaces impactés par l’agriculture et l’exploitation forestière illégale.

Selon le coordonnateur de l’Ong camerounaise Forêts et Développement rural (Foder), Christophe Justin Kamga, au cours du seul mois de mai 2021, l’organisation a mis en terre plus de 2000 plants de bambous sur une superficie de 10 hectares dans les localités de Mbalmayo, Akomnyada 1 et 2 et Aveube. A date, l’Ong Foder a déjà restauré 15,5 hectares de terres à Mbalmayo, localité située dans la région du Centre. Ces activités rentrent dans le cadre de la mise en œuvre d’un mémorandum d’entente (MoU) signé avec l’Organisation internationale pour le bambou et le rotin (Inbar), pour la valorisation de la ressource.

L’ambition est de contribuer à la restauration de 600 000 hectares de terres dégradées au Cameroun d’ici cinq ans. L’initiative s’inscrit par ailleurs en droite ligne du projet « The Restoration Initiative » (TRI) développé en partenariat avec Inbar, avec le soutien du Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Afin de pérenniser la ressource, Foder dispose de deux pépinières de 30 000 plants dont 10 000 plants à Akomnyada et 20 000 plants sur le site de l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor) à Mbalmayo.

Le bambou séquestre le carbone dix fois plus que le bois

D’après François Médard Medjo, observateur indépendant externe à Foder, le recours au bambou vise à reboiser les sites qui ont subi des impacts négatifs de l’exploitation forestière, des feux de brousse, de l’activité minière ou des sites qui sont en voie d’accéder à la déforestation globale comme les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Dans la partie septentrionale du pays, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) expérimente depuis septembre dernier, un projet de restauration de la biodiversité des berges du fleuve Bénoué, à travers l’utilisation du bambou. Le projet couvre les localités de Pitoa, Lagdo, Garoua 2e et Garoua 3e. Le projet cadre ainsi avec la réalisation de l’ODD 13, intitulé « Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques ». L’objectif est de restaurer la productivité des terres et des paysages dégradés, de séquestrer le carbone de l’atmosphère pour lutter contre le changement climatique et améliorer la nappe phréatique dans les paysages dégradés. La promotion du bambou par le gouvernement est également adossée au Plan de gestion du bambou de Chine élaboré et adopté en 2016. Etalé sur cinq ans, le coût d’investissement de ce plan est d’environ 3,35 millions de dollars, soit 1,9 milliard de F. Le programme gouvernemental prévoit en outre, la création des plantations expérimentales en collaboration avec les collectivités territoriales décentralisées qui en sollicitent.

Le choix de plus en plus porté sur le bambou se justifie par sa forte capacité de séquestration de carbone et une forte capacité d’adaptation au niveau du sol. « Le bambou est une plante à croissance rapide qui absorbe facilement le carbone qu’il fixe dans sa composante. Plus il grandit rapidement, plus il absorbe également le CO2 qui est dans la nature. Il participe aussi à l’émission de l’oxygène pour purifier l’air », explique Christophe Justin Kamga. « Le bambou séquestre le carbone dix fois plus que le bois. Son taux de régénération est 50 fois plus élevé que le bois. En matière de lutte contre le changement climatique, le bambou est la ressource idéale », ajoute Luc Ndebe, président de l’association Terre et Ressources pour le Développement durable (Suhe), basée à Ngwei.


Image de Cameroon Business Today. Cameroun, 2021.