Le faux palmier, une espèce d’arbre endémique présente uniquement dans le Parc National de la Rusizi. Cependant, il est menacé par l’exploitation abusive et le commerce illégal. Pour les habitants riverains de ce parc, il joue un rôle important dans leur quotidien. L’OBPE a découvert une technique pour multiplier cette espèce. Enquête
10 heures. Nous sommes dans la commune Gihanga, en province Bubanza, exactement à Buringa, un village frontalier avec le Parc national de la Rusizi. Première impression de tout premier venu : le faux palmier communément appelé igikoko, tiré dans ce parc, joue le rôle important dans le quotidien des villageois. Il est omniprésent dans la construction des maisons, des étables, des boutiques, des clôtures des maisons.
Le commerce du faux palmier, une réalité
Comme d’accoutumée, ce village est très actif. Cependant, certains hommes semblent désœuvrés. Un groupe de sept sont assis à même le sol devant une maisonnette. Au premier abord, ils se montrent taciturnes. Peut-être de la méfiance envers deux inconnus. Ils ne savent pas l’objet de notre présence dans cette contrée. Toutefois, ils finiront par s’ouvrir et parler au fil de l’échange.
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Claude*, l’un d’eux accepte de témoigner « Dans ce village, l’exploitation illégale des faux palmiers est vraiment une réalité. Un fagot des branches du faux palmier coûte 12.000 BIF. »
D’ailleurs, il affirme que le transport des branches du faux palmier ne peut se faire pendant la journée. « Pendant la journée, ils entrent dans le parc national et font la coupe. C’est pendant le soir qu’ils sortent leur butin », confie Claude
Son témoignage est corroboré par Deo*, un riziculteur. « Il y a deux mois, quand je repiquais le riz, j’ai vu les gens qui coupaient des branches de faux palmiers. Seulement, je n’ai jamais vu comment ils les déplaçaient. », se souvient
D’après lui, ils sont stockés dans des endroits clandestins. A partir de ces cachettes, une partie est vendue dans cette commune. Une autre partie est transportée à Bujumbura où les branches de cet arbre sont devenues des matériaux de construction pour les clôtures des maisons dans quartiers les périphériques.
Une main de l’administration derrière ?
Deo* n’y va pas par le dos de la cuillère. Il estime qu’il y a une certaine complaisance entre les administratifs à la base, ceux qui protègent et les trafiquants : « Sinon, les propriétaires des maisons faites de faux palmiers auraient été arrêtés afin de révéler les noms des fournisseurs et ainsi remonter le réseau et le démanteler. », lâche-il.
Au moment où il achève cette phrase un petit garçon sort du parc et traverse la route (RN5). Il traîne deux grandes branches de faux palmier et s’avance vers nous. Cela montre que les enfants sont également impliqués dans ce commerce illégal. Lorsqu’il constate que dans ce cercle, il y a des étrangers, son visage change.
Toutefois, lorsqu’il remarque que nous parlons avec ses voisins, il accepte de se confier : « Chaque jour, j’entre dans le parc à la recherche des branches sèches. Au total, je ramasse 6 branches de faux palmiers rapportant 100 BIF chacune »
L’absence de substituants est un facteur aggravant
Léonie, une autre habitante, vante les qualités de cet arbre : « Il a de l’esthétique. Il ne s’abime pas vite. Il peut facilement durer 4 ans sans être attaquer par les termites. »
Elle évoque également la difficulté ou l’impossibilité de se passer du faux palmier car il n’y a pas d’autres alternatives d’arbres pouvant être utilisés dans la construction. « Nous n’avons pas d’eucalyptus ou d’autres arbres. Seul le faux palmier semble être à notre portée. », se justifie t- elle. Et pourtant, elle avoue que son exploitation est illégale.
Et de poursuivre que les trafiquants et les transporteurs sont de mèche avec les contrôleurs routiers. Sans quoi, ces produits forestiers ne pourraient pas atteindre Bujumbura.
Bientôt, le faux palmier n’existera plus
L’exploitation et le commerce des branches de faux palmiers inquiètent les défenseurs de l’environnemental au Burundi. Pour Albert Mbonerane, le faux palmier est une espèce en voie de disparition. « La population environnante ne pensent qu’à le vendre sur le marché. Mais il y a des effets néfastes pour l‘environnement. Surtout maintenant que nous parlons des changements climatiques. Or, l’une de ses causes est l’action de l’homme qui consiste à couper les palmeraies. », alerte-t-il.
En plus de ceux qui y tirent des matériaux de construction, M. Mbonerane assure qu’il y a des gens qui fabriquent des bijoux à partir des graines de ces faux palmiers. D’après cet expert, l’Office Burundais pour la Protection de l’environnement fait face un défi de taille. Il ne dispose pas de moyens suffisants pour protéger ce parc.
Il demande au ministère de l’Environnement, à travers l’OBPE, de prendre cette question à bras le corps. Il faut augmenter les éco-gardes pour que ce parc soit plus protégé. Et de paraphraser le Pape Benoit 16 qui disait que si on veut avoir la paix, il faut protéger la création. Dans le cas présent, il explique que le parc de la Rusizi est une création à protéger pour la survie des générations futures.
Pour assurer leur reproduction, il faut une prise de conscience puis une mobilisation des moyens pour collecter les graines et faire une pépinière. « Ce parc est un endroit qui devait nous aider à nous adapter aux défis des changements climatiques. », soupire-t-il.
L’OBPE s’explique
Berchmans Hatungima, directeur général de l’OBPE, balaie du revers de la main l’argument des villageois soutenant l’existence du commerce illégal du faux palmier : « Le commerce de cet arbre est pratiquement impossible parce qu’il est réglementé par des législations nationales et internationales. »
Pour commercialiser les produits forestiers, au préalable, le commerçant doit avoir des autorisations émanant de l’OBPE. A ma connaissance, martèle-t-il, aucune autorisation n’a jusqu’à présent été délivrée à quiconque pour exploiter cet arbre. Toute personne qui coupe cet arbre pour le bois, le charbon, la vannerie, etc., se rend coupable d’un acte illicite. C’est un malfaiteur qui, une fois attrapé, est puni par la loi.
L’éléphant, multiplicateur naturel a disparu dans ce parc
Pour rappel, le faux palmier ne pousse nulle part ailleurs dans le monde. Cependant, la forêt des faux palmiers qui occupait plus de 2800 ha en 1951 s’est retrouvée avec environ 1200 ha en 1980. En 2000, Le Parc National de la Rusizi a été classé dans le patrimoine de l’Unesco.
Le directeur général de l’OBPE soulève un autre facteur de la disparition progressive du faux palmier : « La disparition des éléphants de ce parc est le déclencheur de l’extension de cette espèce. »
D’après ses dires, autrefois, ce parc était peuplé par des éléphants. Ces derniers se nourrissaient des fruits des pruniers d’Afrique. En rejetant les pulpes à travers leurs matières organiques, les éléphants participaient à la multiplication de cette espèce.
Mais qu’à cela ne tienne, L’OBPE a découvert une technique pour multiplier le faux palmier, confie le directeur général, Berchmans Hatungimana. « Nous comptons créer une pépinière au cours de cette année ou au plus tard l’année prochaine. Nous pourrons ainsi remplacer les arbres coupés afin d’éviter que le prunier d’Afrique ne disparaisse au Burundi ».
Claude*, one of them agrees to testify "In this village, the illegal exploitation of false palm trees is really a reality. A bundle of false palm branches costs 12,000 BIF.
Moreover, he affirms that the transport of the branches of the false palm tree cannot be done during the day. "During the day, they enter the national park and make the cut. It is during the evening that they take out their booty", confides Claude
His testimony is corroborated by Deo*, a rice farmer. "Two months ago, when I was transplanting rice, I saw people cutting branches of false palm trees. But I never saw how they were moving them," he recalls.
According to him, they are stored in clandestine places. From these hiding places, a part is sold in this commune. Another part is transported to Bujumbura where the branches of this tree have become building materials for the fences of the houses in the outskirts.