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Story Publication logo February 3, 2022

Wood Energy: The Charcoal Makers of East Cameroon Express Their Dismay at Road Hassles (French)

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A pile of bags.
English

The legal charcoal value chain is promoted by the government in Cameroon.

SECTIONS

 « Ce que les éléments de la gendarmerie nous font voir  en route est insupportable. Vous pouvez même abandonner un chargement de charbon et partir ailleurs. La parafiscalité est de taille » témoigne Martin Minko, le président du Réseau des charbonniers des concessions forestières de l’Est (Rechacofest).

« Dernièrement, mon camion a été immobilisé à Edéa de 16 h à 4 heures du matin. Je n’ai été notifié de rien. Il a fallu que j’appelle le Secrétariat d’Etat à la défense (SED) au 1501 et que je menace de faire venir un huissier pour qu’on nous libère » déclare Lazare N. acheteur de charbon à Lomié.

Des sons de cloches amères, des cris de colère, un désarroi exprimé par les exploitants du charbon légal dans la région de l’Est Cameroun. Dans cette région du soleil levant, l’activité portant sur la carbonisation des rebuts de scieries, longtemps jetés et brûlés et désormais utilisés par les populations locales pour produire du charbon de bois. La commercialisation  de ce combustible est devenue au fil des années un parcours du combattant.


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« Le ministère des forêts et de la faune (Minfof) nous a clairement expliqué que la lettre de voiture est le seul document officiel exigé qui permet aux charbonniers ou aux acheteurs de convoyer librement leur charbon. Mais nous faisons face à une autre réalité sur le terrain » explique Ze Banga Levy, secrétaire général adjoint du Gic Ayi-Yind d’Abong-Doum, un groupement de charbonniers.

36 postes de contrôle entre Lomié et Douala

Sur la route, les camions de charbon légal subissent les tracasseries à toutes les barrières : postes forestiers du Minfof, contrôles mixtes police-gendarmerie, barrages de la gendarmerie notamment les fameux « routiers », les postes de pesage et même la prévention routière.

Un habitué de la route qui achète régulièrement le charbon à Abong-Mbang et Lomié pour le revendre à Yaoundé et Douala ayant requis l’anonymat déclare : « Aux postes forestiers, bien qu’ayant ma lettre de voiture Je suis obligé  de donner 1000 ou 2000 F CFA. Idem pour le contrôle mixte, mais une fois ils m’ont exigé de leur donner 5000 F CFA. Avec les « routiers », c’est plus compliqué. Ils sont plus gourmands. Des rares fois ils acceptent 3000 ou 5000 F CFA, mais ils sont plus intransigeants sur 10 000 F CFA ou 20 000 F CFA par contrôle. Un routier m’a même exigé une fois 75 000 F CFA à cause soit dit de la surcharge du camion. Pour finalement prendre 60 000 F CFA après une très longue discussion » déplore t-il.

Martin Minko révèle qu’une étude récente faite par son organisation sur 6 voyages de charbon légal entre Lomié et Douala a montré qu’il existe en moyenne 36 postes de contrôle entre les 2 villes. Et que l’on peut passer entre 2 à 3 jours entre ces deux villes du fait des tracasseries routières.

« Des sommes allant de 250 000 F CFA à 400 000 F CFA peuvent êtres dépensées par les charbonniers au cours d’un seul voyage pour monnayer » indique Géneviève Djento, qui dirige une association de producteurs de charbon à Lomié.

Sanctionner les agents indélicats

Les agents de l’administration pointés du doigt, évoquent très souvent des motifs considérés comme fallacieux. « Un policier m’avait dit une fois que je cite  « Si tu ne me donnes pas 5 000 F CFA, tu ne me déranges plus. Tu peux même dormir là ». Il n’y avait pas de motif apparent » s’est confié Alex N, acheteur de charbon légal à Abong-Mbang.

Dans ce tourbillon de corruption, c’est l’activité de production et de commercialisation de charbon légal qui paie les pots cassés. « A cause de la parafiscalité et des tracasseries routières, nous n’avons pas de retour sur investissement car nous sommes obligés de vendre notre charbon à vil prix. Nous élaborons des projets pour le développement de notre organisation, mais nous sommes  incapables de les réaliser faute de moyens » se plaint Ze Banga Levy.

Des pistes de solution sont proposées remédier à la situation. Martin plaide pour une sensibilisation et une formation des hommes en tenue : « Il faudrait qu’on leur remette à l’école de la connaissance des textes. Il faut mettre des affiches dans des check-points pour que les gars à chaque fois qu’ils sont là puissent jeter un coup d’œil, afin  qu’ils comprennent ce qu’il faut faire lorsqu’un camion gare devant eux » explique-t-il.

Pour Ghislain Fomou, chargé du programme Gestion des ressources naturelles au Service d’Appui aux initiatives Locales de développement (Saild) une organisation de la société civile, il faut sanctionner les agents véreux : « Il y a un gros travail de sensibilisation et de répression à faire contre les agents des eaux et forêts et des forces de maintien de l’ordre qui en réalité sont ceux là qui complexifient la chaîne de transport du charbon légal » soutient-il.


Image de Irénée Modeste Bidima. Cameroun, 2022.